mars 20, 2017 à 11:00
Le 21 mars 2017
Pendant plusieurs mois, les Canadiennes et Canadiens ont observé le climat politique de l’autre côté de la frontière, ont vu la polarisation de la population américaine et sont restés bouche bée devant les événements. Alors que notre attention était attirée ailleurs, nous avons refusé en quelque sorte de percevoir les profondes divisions personnelles et politiques au sein de la population canadienne. De façon volontaire ou par ignorance, nous étions aveugles, voire carrément apathiques, devant la montée de la peur et de la haine dans notre pays, sans doute parce que nous pensions être immunisés contre ces tendances.
L’attaque contre la mosquée à Québec qui a provoqué la mort de six hommes musulmans racisés était un événement choquant: comment une telle chose a-t-elle pu arriver? Comment, au Canada, un pays connu pour être pacifique et poli, est-il possible qu’une tuerie de six personnes innocentes ait pu se survenir dans un lieu de prières, un refuge et un sanctuaire? Ce crime motivé par la haine contre des Canadiens musulmans racisés, du seul fait qu’ils étaient musulmans et racisés, semble inimaginable.
Nous avons été contraints de sortir de notre complaisance pour faire face à la vérité violente de cet acte haineux. Une grande partie du pays a réagi en offrant son soutien. Nous semblons prendre tous conscience que lorsque nous fermons les yeux et le cœur aux injustices perpétrées contre d’autres personnes, le racisme et la discrimination prolifèrent. Nous sommes descendus à la rue, nous nous sommes embrassés et enlacés autour de lieux de prière, nous avons réclamé un monde où l’on ne permet pas à la peur et la haine, à la bigoterie et au racisme de nous appauvrir et de diviser l’humanité.
Nos mots et nos gestes après les attaques à la mosquée ne sont pas suffisants. La discrimination raciale et les actions motivées par la haine et les crimes restent courantes au Canada et partout dans le monde. Les médias sociaux continuent de diffuser des messages contre les musulmans, les immigrants et les réfugiés. Nos aspirants leaders politiques participent à des forums publics et parlent des « valeurs canadiennes » tout en réclamant un « filtrage » des immigrants et des réfugiés en ignorant que quiconque franchit la frontière du Canada est déjà filtré. Ils construisent un discours du « nous » contre « eux » qui s’enracine et incite les gens à croire qu’ils défendent quelque chose qui ne se fait même pas attaquer.
Le 21 mars 2017, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, nous réclamons un débat national sur le racisme et la montée de la haine. Nous demandons aux syndicalistes, aux militants en matière de justice sociale et défenseurs des droits, aux partis politiques, aux acteurs non-gouvernementaux et aux organisations de la base de se mobiliser entre eux pour créer un forum où nous pourrions entamer le processus de reconstruction du tissu social qui nous relie tous.
TÉLÉCHARGEZ L’AFFICHE UNISSONS-NOUS POUR METTRE FIN AU RACISME ET À L'ISLAMOPHOBIE (PDF) ICI.
Source: Unifor
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