Section Locale 2002: Un véritable leadership pourrait régler la crise des emplois au Canada

Section Locale 2002: Un véritable leadership pourrait régler la crise des emplois au Canada

août 31, 2007 à 00:00
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Message de la Fête du travail de Buzz Hargrove


Un vrai leader, c’est un être capable de galvaniser les gens, au-delà des catégories de revenus, des races, des classes et des sexes. Walter Reuther, l’ancien président du syndicat des Travailleurs unis de l’automobile (TUA), était un vrai leader. Il était aussi l’un des penseurs les plus progressistes du vingtième siècle. Alors que le monde se remettait de la Seconde Guerre mondiale, son ingéniosité et sa vision ont séduit des centaines de milliers de personnes, au Canada comme aux États-Unis, en les persuadant que la qualité de vie, les salaires décents et l’égalité sociale étaient des buts atteignables qui valaient la peine de se battre.

En cette Fête du travail, alors que nous célébrons le 100e anniversaire de la naissance de Walter Reuther, la population canadienne est aux prises avec la crise des emplois la plus dévastatrice depuis plusieurs décennies dans le secteur manufacturier. Les travailleuses et travailleurs risquent d’y perdre plusieurs des gains qu’ils ont acquis depuis l’époque de M. Reuther.

En moins de cinq ans, 300 000 emplois manufacturiers sont disparus de notre économie. L’année 2007 n’est même pas terminée que, déjà, plus de 70 000 emplois se sont envolés en fumée.

Contrairement aux récessions passées, cette crise-ci se produit alors que l’économie canadienne est soi-disant en plein essor. Notre dollar s’envole, notre taux de chômage chute et les profits des entreprises atteignent des sommets.

Alors, comment se fait-il qu’il y ait autant de fermetures d’usines et de licenciements? Les emplois disparaissent et les solutions qui s’offrent aux travailleuses et travailleurs sont rares. Les familles vivent des déchirements et sont désespérément en quête de travail. Le financement des services locaux s’épuise parce que les emplois bien rémunérés disparaissent. Les plus âgés hésitent à partir à la retraite parce que les régimes de retraite sont sous-financés. Les jeunes voient la perspective d’un véritable emploi devenir de plus en plus insaisissable.

Pourtant, le gouvernement fédéral conservateur refuse d’admettre l’existence du problème. Il nie toute responsabilité dans cette crise nationale, qui est pourtant le résultat direct d’une planification médiocre et d’un manque flagrant de jugement politique.

En voici l’exemple le plus récent : c’est à une entreprise allemande que le gouvernement fédéral a confié un contrat de 14 millions de dollars de l’armée canadienne. Du coup, il a écarté les trois constructeurs d’autobus de classe mondiale du Canada. C’est inacceptable.

S’il y a des achats publics, c’est grâce à l’argent des contribuables canadiens. Ces achats sont l’un des moyens les plus simples de soutenir nos travailleuses et travailleurs ainsi que nos industries – il faut que notre argent soit dépensé dans notre intérêt.

Nous faisons face à d’imposants défis. Cependant, s’il y a une leçon à tirer de la vie de Walter Reuther, c’est qu’en nous serrant les coudes, tout est possible.

Le syndicat des TCA a mis sur pied une campagne majeure afin de sensibiliser la population aux pertes d’emplois manufacturiers au Canada. D’un océan à l’autre, des dirigeants locaux et des membres ont uni leurs efforts à ceux du Congrès du travail du Canada, d’autres syndicats, des conseils du travail locaux, des politiciens et des groupes communautaires afin de dénoncer l’immobilisme du gouvernement fédéral face à ces pertes d’emplois. Les tribunes qui ont été mises sur pied dans diverses collectivités canadiennes et les rassemblements qui ont été organisés à Windsor, Oshawa, Kitchener et Ottawa ont réveillé un dynamisme qu’on n’avait pas vu depuis les débats de la fin des années 1980 sur le libre-échange. Du directeur du bureau Centraide local jusqu’aux membres de la Chambre de commerce, les citoyennes et citoyens se rendent compte qu’il est impératif de protéger les emplois manufacturiers. Il faut continuer de revendiquer pour faire changer les choses.

Il est crucial que les travailleuses et travailleurs participent aux élections provinciales qui se tiennent au Canada. En Ontario, il faut se battre pour que les travailleuses et travailleurs récoltent les fruits des investissements ciblés. Les TCA vont continuer de favoriser un vote stratégique pour s’assurer que les attaques contre la classe ouvrière et les pauvres comme celles vécues sous le gouvernement conservateur de Mike Harris ne se répètent jamais.

Au fédéral, nous sommes maintenant conscients des dangers auxquels les citoyennes et citoyens feront face si jamais le gouvernement conservateur de Stephen Harper sort majoritaire des prochaines élections. Ce gouvernement n’arrête pas de suivre son programme de réduction des impôts, de libre-échange et d’alignement économique et politique avec les États-Unis. Il sabre dans les programmes qui s’adressent aux femmes et aux enfants et les programmes culturels, tout en détruisant d’importants volets de la vie communautaire.

Le gouvernement continue aussi de faire preuve d’un manque de soutien scandaleux envers l’industrie canadienne de l’automobile. Son inaction à l’égard du déséquilibre commercial et son désastreux programme de rabais encouragent l’achat de véhicules étrangers et détruisent les importants emplois automobiles du Canada.

Même le récent remaniement ministériel de Stephen Harper n’a pas fait grand-chose pour redessiner la voie que le gouvernement a tracée pour le Canada – une voie qui échoue à répondre aux préoccupations des travailleuses et travailleurs et qui n’offre aucun plan d’avenir solide.

Collectivement, nous pouvons mettre le Canada sur une nouvelle voie.

Nous devons exiger que notre gouvernement prenne des mesures immédiates pour corriger le déséquilibre commercial global qui nuit à l’industrie canadienne et à sa main-d’œuvre. Il faut faire en sorte que les deniers publics soutiennent l’économie canadienne en élaborant une politique d’achats au Canada. Il faut insister pour que notre gouvernement défende l’industrie canadienne en réglementant les investissements étrangers et en contrôlant la valeur du dollar.

Les Canadiennes et les Canadiens savent que l’enjeu est gros. Notre avenir et celui de nos emplois et de nos collectivités dépendent des décisions qui se prennent aujourd’hui.

Tandis que nous miserons sur le succès de notre campagne sur le secteur manufacturier et que nous maintiendrons la pression sur nos politiciens pour qu’ils entendent nos revendications, les paroles de Walter Reuther résonneront clairement dans notre esprit : « Retroussons nos manches, menons cette bataille et gagnons-la ensemble. »