août 31, 2007 à 00:00
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Message de la Fête du travail de Buzz Hargrove
Un vrai leader, c’est un être capable de galvaniser les gens, au-delà des
catégories de revenus, des races, des classes et des sexes. Walter Reuther,
l’ancien président du syndicat des Travailleurs unis de l’automobile (TUA),
était un vrai leader. Il était aussi l’un des penseurs les plus progressistes du
vingtième siècle. Alors que le monde se remettait de la Seconde Guerre mondiale,
son ingéniosité et sa vision ont séduit des centaines de milliers de personnes,
au Canada comme aux États-Unis, en les persuadant que la qualité de vie, les
salaires décents et l’égalité sociale étaient des buts atteignables qui valaient
la peine de se battre.
En cette Fête du travail, alors que nous célébrons le 100e anniversaire de la
naissance de Walter Reuther, la population canadienne est aux prises avec la
crise des emplois la plus dévastatrice depuis plusieurs décennies dans le
secteur manufacturier. Les travailleuses et travailleurs risquent d’y perdre
plusieurs des gains qu’ils ont acquis depuis l’époque de M. Reuther.
En moins de cinq ans, 300 000 emplois manufacturiers sont disparus de notre
économie. L’année 2007 n’est même pas terminée que, déjà, plus de 70 000 emplois
se sont envolés en fumée.
Contrairement aux récessions passées, cette crise-ci se produit alors que
l’économie canadienne est soi-disant en plein essor. Notre dollar s’envole,
notre taux de chômage chute et les profits des entreprises atteignent des
sommets.
Alors, comment se fait-il qu’il y ait autant de fermetures d’usines et de
licenciements? Les emplois disparaissent et les solutions qui s’offrent aux
travailleuses et travailleurs sont rares. Les familles vivent des déchirements
et sont désespérément en quête de travail. Le financement des services locaux
s’épuise parce que les emplois bien rémunérés disparaissent. Les plus âgés
hésitent à partir à la retraite parce que les régimes de retraite sont
sous-financés. Les jeunes voient la perspective d’un véritable emploi devenir de
plus en plus insaisissable.
Pourtant, le gouvernement fédéral conservateur refuse d’admettre l’existence du
problème. Il nie toute responsabilité dans cette crise nationale, qui est
pourtant le résultat direct d’une planification médiocre et d’un manque flagrant
de jugement politique.
En voici l’exemple le plus récent : c’est à une entreprise allemande que le
gouvernement fédéral a confié un contrat de 14 millions de dollars de l’armée
canadienne. Du coup, il a écarté les trois constructeurs d’autobus de classe
mondiale du Canada. C’est inacceptable.
S’il y a des achats publics, c’est grâce à l’argent des contribuables canadiens.
Ces achats sont l’un des moyens les plus simples de soutenir nos travailleuses
et travailleurs ainsi que nos industries – il faut que notre argent soit dépensé
dans notre intérêt.
Nous faisons face à d’imposants défis. Cependant, s’il y a une leçon à tirer de
la vie de Walter Reuther, c’est qu’en nous serrant les coudes, tout est
possible.
Le syndicat des TCA a mis sur pied une campagne majeure afin de sensibiliser la
population aux pertes d’emplois manufacturiers au Canada. D’un océan à l’autre,
des dirigeants locaux et des membres ont uni leurs efforts à ceux du Congrès du
travail du Canada, d’autres syndicats, des conseils du travail locaux, des
politiciens et des groupes communautaires afin de dénoncer l’immobilisme du
gouvernement fédéral face à ces pertes d’emplois. Les tribunes qui ont été mises
sur pied dans diverses collectivités canadiennes et les rassemblements qui ont
été organisés à Windsor, Oshawa, Kitchener et Ottawa ont réveillé un dynamisme
qu’on n’avait pas vu depuis les débats de la fin des années 1980 sur le
libre-échange. Du directeur du bureau Centraide local jusqu’aux membres de la
Chambre de commerce, les citoyennes et citoyens se rendent compte qu’il est
impératif de protéger les emplois manufacturiers. Il faut continuer de
revendiquer pour faire changer les choses.
Il est crucial que les travailleuses et travailleurs participent aux élections
provinciales qui se tiennent au Canada. En Ontario, il faut se battre pour que
les travailleuses et travailleurs récoltent les fruits des investissements
ciblés. Les TCA vont continuer de favoriser un vote stratégique pour s’assurer
que les attaques contre la classe ouvrière et les pauvres comme celles vécues
sous le gouvernement conservateur de Mike Harris ne se répètent jamais.
Au fédéral, nous sommes maintenant conscients des dangers auxquels les
citoyennes et citoyens feront face si jamais le gouvernement conservateur de
Stephen Harper sort majoritaire des prochaines élections. Ce gouvernement
n’arrête pas de suivre son programme de réduction des impôts, de libre-échange
et d’alignement économique et politique avec les États-Unis. Il sabre dans les
programmes qui s’adressent aux femmes et aux enfants et les programmes culturels,
tout en détruisant d’importants volets de la vie communautaire.
Le gouvernement continue aussi de faire preuve d’un manque de soutien scandaleux
envers l’industrie canadienne de l’automobile. Son inaction à l’égard du
déséquilibre commercial et son désastreux programme de rabais encouragent
l’achat de véhicules étrangers et détruisent les importants emplois automobiles
du Canada.
Même le récent remaniement ministériel de Stephen Harper n’a pas fait
grand-chose pour redessiner la voie que le gouvernement a tracée pour le Canada
– une voie qui échoue à répondre aux préoccupations des travailleuses et
travailleurs et qui n’offre aucun plan d’avenir solide.
Collectivement, nous pouvons mettre le Canada sur une nouvelle voie.
Nous devons exiger que notre gouvernement prenne des mesures immédiates pour
corriger le déséquilibre commercial global qui nuit à l’industrie canadienne et
à sa main-d’œuvre. Il faut faire en sorte que les deniers publics soutiennent
l’économie canadienne en élaborant une politique d’achats au Canada. Il faut
insister pour que notre gouvernement défende l’industrie canadienne en
réglementant les investissements étrangers et en contrôlant la valeur du dollar.
Les Canadiennes et les Canadiens savent que l’enjeu est gros. Notre avenir et
celui de nos emplois et de nos collectivités dépendent des décisions qui se
prennent aujourd’hui.
Tandis que nous miserons sur le succès de notre campagne sur le secteur
manufacturier et que nous maintiendrons la pression sur nos politiciens pour
qu’ils entendent nos revendications, les paroles de Walter Reuther résonneront
clairement dans notre esprit : « Retroussons nos manches, menons cette bataille
et gagnons-la ensemble. »